Entretien avec Michel Foucault
réalisé par André Berten
Nel 1981 Michel Foucault fu invitato dalla Facoltà di diritto della Scuola di criminologia dell’Università di Lovanio a tenere una serie di corsi-conferenze da lui intitolati: Mal faire, dire vrai. Fonction de l’aveu en justice. Per l’occasione, nel maggio di quell’anno, il professor André Berten realizzò un’intervista filmata dal Centro audiovisivo dell’Università. Il fim è stato ripreso da FR3 nel quadro delle trasmissioni Océanique.
A. B. … Qu’est-ce qui a été le fil conducteur de votre réflexion, s’il est possible de répondre à un telle question ?
M. F. Mais c’est une question difficile que vu me posez. D’abord parce-que le fil conducteur, on ne peut guère dégager qu’une fois qu’on a été conduit au terme, et puis enfin, vous savez je ne considère absolument ni pas ni comme un écrivain ni comme un prophète. Je travaille, c’est vrai, en grande partie souvent au gré de circonstances, des sollicitations extérieures, de conjonctures diverses. Je n’ai pas du tout l’intention de faire la loi, et il me semble que s’il y a dans ce que je fais une certaine cohérence, elle peut être liée à une situation qui nous appartient à tous, les uns et les autres, dans laquelle nous sommes tous, plus qu’à une intuition fondamentale ou à une pensée systématique. C’est vrai peut-être depuis le jour où Kant a posé la question : « Was ist Aufklärung ? » c’est-à-dire qu’est-ce que notre actualité, qu’est-ce qui se passe autour de nous, qu’est-ce que notre présent ; il me semble que la philosophie a acquis là une nouvelle dimension. Plus, s’est ouverte pour elle une certaine tâche qu’elle avait ignorée ou qui n’existait pas pour elle auparavant, et qui est de dire qui nous sommes, de dire : qu’est-ce que notre présent, qu’est-ce que ça, aujourd’hui. C’est évidemment une question qui n’aurait pas eu de sens pour Descartes. C’est une question qui commence à avoir du sens pour Kant quand il se demande ce que c’est l’Aufklärung ; c’est une question qui est en un sens la question de Nietzsche. Je pense aussi que la philosophie parmi les différentes fonctions qu’elle peut et qu’elle doit avoir, a aussi celle-là, de s’interroger sur ce que nous sommes dans notre présent et dans notre actualité. Je dirai que c’est autour de cela que je pose la question et dans cette mesure je suis Nietzschéen ou Hégélien ou Kantien, de par ce côté là ...
M. F. Mais c’est une question difficile que vu me posez. D’abord parce-que le fil conducteur, on ne peut guère dégager qu’une fois qu’on a été conduit au terme, et puis enfin, vous savez je ne considère absolument ni pas ni comme un écrivain ni comme un prophète. Je travaille, c’est vrai, en grande partie souvent au gré de circonstances, des sollicitations extérieures, de conjonctures diverses. Je n’ai pas du tout l’intention de faire la loi, et il me semble que s’il y a dans ce que je fais une certaine cohérence, elle peut être liée à une situation qui nous appartient à tous, les uns et les autres, dans laquelle nous sommes tous, plus qu’à une intuition fondamentale ou à une pensée systématique. C’est vrai peut-être depuis le jour où Kant a posé la question : « Was ist Aufklärung ? » c’est-à-dire qu’est-ce que notre actualité, qu’est-ce qui se passe autour de nous, qu’est-ce que notre présent ; il me semble que la philosophie a acquis là une nouvelle dimension. Plus, s’est ouverte pour elle une certaine tâche qu’elle avait ignorée ou qui n’existait pas pour elle auparavant, et qui est de dire qui nous sommes, de dire : qu’est-ce que notre présent, qu’est-ce que ça, aujourd’hui. C’est évidemment une question qui n’aurait pas eu de sens pour Descartes. C’est une question qui commence à avoir du sens pour Kant quand il se demande ce que c’est l’Aufklärung ; c’est une question qui est en un sens la question de Nietzsche. Je pense aussi que la philosophie parmi les différentes fonctions qu’elle peut et qu’elle doit avoir, a aussi celle-là, de s’interroger sur ce que nous sommes dans notre présent et dans notre actualité. Je dirai que c’est autour de cela que je pose la question et dans cette mesure je suis Nietzschéen ou Hégélien ou Kantien, de par ce côté là ...
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La trascrizione in lingua originale dell’intervista è stata pubblicata - con il titolo Entretien avec Michel Foucault - in “Cahiers du grif” n. 37-38, 1988, p. 9-19.
La traduzione italiana, Intervista a Michel Foucault [1981], a cura di Antonello Sciacchitano, è stata pubblicata in “aut-aut”, n. 331, 2006, p. 55-66.
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